
Valérie Rousseau
Responsable prospective et stratégie expertise sociale
Le taux d’absentéisme en entreprise continue d’augmenter. Le vieillissement des actifs, l’allongement de la durée de carrière et la vulnérabilité croissante des jeunes salariés exercent une pression accrue sur le système de protection sociale. Dans ce contexte, les indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) ont fait l’objet d’une revalorisation structurelle au 1er avril 2025, entraînant des répercussions directes pour les assureurs, les entreprises et les salariés.
Les indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) sont des prestations versées par l’Assurance maladie aux salariés en arrêt de travail. Elles compensent partiellement la perte de revenu liée à une maladie, un accident du travail ou encore un congé maternité.
En cas d’arrêt pour maladie, les IJSS s’élèvent en principe à 50 % du salaire brut journalier, calculé sur la base d’un plafond légal, corrélé au SMIC. Il est possible que l’employeur maintienne tout ou partie du salaire grâce à un complément, parfois pris en charge par un organisme de prévoyance.
À compter du 1er avril 2025, le plafond de revenus d’activité pris en compte pour le calcul des indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS) en cas d’arrêt maladie est abaissé de 1,8 à 1,4 fois le SMIC mensuel.
Cette réforme, issue du décret du 20 février 2025 (Décret 2025-160, 20-2-2025, JO 21), s’applique à tous les arrêts maladie débutant à compter de cette date. Les assurés, déjà en cours d’indemnisation à cette date, ne sont donc pas concernés par cette mesure.
→ Concrètement, la base maximale de calcul des IJSS diminue de 22 %.
Autrement dit, pour les salariés les mieux rémunérés (au-dessus de 2 522,57 € brut par mois), le niveau d’indemnisation versé par la Sécurité sociale est désormais réduit.
Ce sont, dans un premier temps, les employeurs qui verront la charge du complément de salaire à verser dans le cadre du maintien de salaire légal ou conventionnel augmenter. En effet, l’obligation de maintenir 90 % du salaire pendant au moins 30 jours pour les salariés d’au moins un an d’ancienneté (C. trav. art. L 1226-1 et D 1226-1) implique un effort financier accru pour l’employeur lorsque le salarié perçoit un salaire supérieur à 1,4 SMIC.
Les contrats de prévoyance devront également combler ce manque à gagner pour les salariés bénéficiant d’un maintien de salaire (avec plus d’un an d’ancienneté) et les salariés sans maintien de salaire, pour qui la prévoyance devient la seule source de complément de revenu durant l’arrêt.
Plusieurs facteurs structurels expliquent cette évolution :
L’âge légal de départ à la retraite ayant été repoussé, les salariés plus âgés sont plus nombreux en activité et plus exposés à des arrêts longs ou répétés.
Face à ces tendances lourdes, la Sécurité sociale adapte ses mécanismes pour réduire sa part d’indemnisation et transférer une partie de la charge vers les institutions de prévoyance, qui devront revoir leurs garanties et leurs tarifs.
Les salariés rémunérés en dessous de 1,4 SMIC brut mensuel (soit 2 522,57 €) ne sont pas impactés par la réforme : leurs IJSS continuent d’être calculées sur la base réelle de leur salaire.
En revanche, les salariés dont le salaire se situe entre 1,4 et 1,8 SMIC brut mensuel (entre 2 522,57 € et 3 243,31 €) sont les plus exposés. Avant la réforme, leurs IJSS étaient intégralement calculées sur leur salaire réel. Désormais, la base de calcul est plafonnée à 1,4 SMIC, ce qui entraîne une perte nette d’indemnisation, sans pour autant bénéficier d’un écart de salaire suffisant pour compenser cette baisse.
Pour les salariés au-delà de 1,8 SMIC brut mensuel (3 243,31 €), l’impact devient progressivement moins significatif, une partie de leur rémunération était déjà exclue du calcul des IJSS avant la réforme. Toutefois, la réduction du plafond augmente le manque à gagner global, notamment en cas d’absence longue non couverte par une prévoyance complémentaire adaptée.
Prenons un salarié rémunéré 2 700 € brut par mois.
En revanche, un salarié rémunéré 2 000 € brut reste en dessous du nouveau plafond, donc pas de changement sur ses IJSS.
Pour atténuer les effets de la baisse du plafond des IJSS, la principale solution reste la mise en place ou l’ajustement d’un contrat de prévoyance complémentaire. L’objectif est clair : compenser la perte de revenu des salariés en arrêt, en prenant le relais de la Sécurité sociale sur la part désormais non couverte.
Concrètement, les entreprises peuvent agir sur plusieurs leviers :
Il est donc vivement recommandé de réévaluer les garanties actuelles avec son courtier ou son assureur, afin de limiter l’impact financier pour les salariés, sécuriser leur niveau de couverture en cas d’arrêt de travail, mais également pour anticiper une hausse des cotisations liée à la charge accrue pour les assureurs.
Besoin d’un accompagnement pour étudier votre contrat de prévoyance ou comprendre les impacts pour votre entreprise ? N’hésitez pas à vous rapprocher de votre contact habituel Baker Tilly pour tout échange sur le sujet ou mise en relation avec les équipes de notre partenaire spécialisé, SideCare.
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