
Valérie Rousseau
Responsable prospective et stratégie expertise sociale
Le 18 juin 2025, la Commission européenne a engagé une procédure d’infraction contre la France, lui reprochant de ne pas garantir le droit, pour les salariés tombant malades pendant leurs congés payés, de récupérer les jours de congés perdus durant la maladie. Si cette étape vient, une nouvelle fois, aligner le droit français sur les exigences européennes, elle n’est pas sans conséquences pour les employeurs…
Dans ses arrêts rendus le 13 septembre 2023, la Cour de cassation a écarté le droit français au profit du droit européen pour permettre aux salariés d’acquérir des congés payés durant un arrêt maladie.
La Commission européenne somme aujourd’hui la France de se mettre en conformité avec la directive 2003/88/CE relative à l’aménagement du temps de travail. Le 18 juin dernier, elle a, ainsi, adressé une lettre de mise en demeure à la France pointant l’absence de dispositif permettant à un salarié malade pendant ses congés payés de reporter ces jours.
La France dispose désormais de deux mois pour répondre à cette mise en demeure et corriger les manquements relevés. À défaut, la Commission pourra émettre un avis motivé et saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour non-respect des règles européennes.
À ce jour, le droit français ne garantit pas systématiquement le report des congés payés acquis lorsque ceux-ci coïncident avec une période d’arrêt maladie. Cette situation a été jugée non conforme aux exigences du droit européen.
Jusqu’à présent, la France distingue deux situations :
En pratique, plusieurs arrêts de la CJUE et de la Cour de cassation ont précisé que le salarié doit pouvoir prendre ses congés à une période distincte de celle de son arrêt maladie ou maternité, le report intégral devant être garanti (CJCE, 18 mars 2004, n° C-342/01).
En l’absence de modification rapide du droit français, les employeurs peuvent être confrontés à des litiges individuels, les salariés pouvant se prévaloir directement de la directive européenne et de la jurisprudence de la CJUE pour obtenir le report ou l’indemnisation de leurs congés payés non pris pour cause de maladie.
Il est, par ailleurs, probable que la France adapte prochainement sa législation pour se conformer à la directive européenne et à la jurisprudence de la CJUE, imposant ainsi aux employeurs le report des congés non pris du fait d’une maladie, y compris lorsque la maladie survient pendant les congés.
En attendant, les employeurs doivent anticiper et sécuriser leurs pratiques en matière de congés payés pour éviter les risques de condamnation future, dont le paiement rétroactif d’indemnités de congés payés non pris.
Une réforme du Code du travail devrait intervenir dans les mois à venir. D’ici là, voici quelques bonnes pratiques à adopter :
Situation |
Régime actuel en France |
Jurisprudence européenne |
Évolution probable et conseil employeur |
Maladie avant congés |
Report des congés à la fin de la maladie |
Report obligatoire |
Maintenir la pratique et formaliser la procédure |
Maladie pendant congés |
Pas de report, congé » perdu » (sauf accord collectif) |
Report obligatoire |
Anticiper et prévoir le report dans les usages internes |
Même si le droit français n’est pas encore aligné avec le droit européen, il parait judicieux d’anticiper en garantissant le report des congés payés non pris pour cause de maladie. Cette adaptation proactive est la meilleure protection contre le risque de contentieux et l’obligation future de régularisation rétroactive.
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