
Valérie Rousseau
Responsable prospective et stratégie expertise sociale
v.rousseau@bakertilly.fr
La journée internationale des droits des femmes nous invite à prendre conscience des avancées, mais aussi des combats qui restent à mener. En entreprise, cet événement est l’occasion de se pencher sur les inégalités persistantes entre hommes et femmes, notamment en matière de rémunération ou de leadership, tout en amorçant des actions concrètes pour avancer vers plus d'égalité.
En 2023, selon l’Insee, le salaire net des femmes était inférieur de 13,5 % en moyenne à celui des hommes ; un écart qui s’est réduit de 0,5 point par rapport à 2022 et de 7,4 points depuis 2008. Cette disparité s'explique en partie par les différences entre secteurs d’activité, mais aussi l’impact des interruptions de carrière liées à la parentalité.
Les sociétés françaises se situent aujourd'hui au premier rang mondial en matière de féminisation des conseils d'administration et de surveillance des grandes entreprises cotées, avec une proportion de plus de 48 % de femmes en 2024 pour les entreprises du CAC 40, selon l'AMF. Malgré cette avancée notable, des déséquilibres persistent au sein des instances dirigeantes, notamment dans les fonctions exécutives. Bien que les femmes représentent 49 % de la population active, elles ne constituent que 28 % des membres des Comex et Codir.
70 % des hommes considèrent encore, en 2024, que leur rôle de soutien financier est essentiel à leur reconnaissance sociale. Ainsi, leur engagement professionnel demeure prioritaire, y compris après l’arrivée d’un enfant. Les femmes sont, dès lors, davantage contraintes d’adapter leur carrière – congés parentaux, temps partiel, flexibilité professionnelle – pour concilier obligations familiales et vie professionnelle.
De 2021 à 2023, selon l’Insee, le taux d’emploi des femmes (de 15 à 64 ans) s’élevait, en France, à 66 %, contre 71 % pour les hommes. Bien que le taux de participation des femmes au marché du travail ait augmenté, il reste inférieur à celui des hommes, avec des disparités selon les secteurs. Le baromètre 2024 d'Infogreffe confirme, toutefois, la progression de l’entrepreneuriat féminin : sur les 613 320 entreprises immatriculées au registre du commerce et des sociétés en 2023, 33,1 % ont été créées par des femmes. À titre de comparaison, ce chiffre n'était que de 27,3 % en 2018.
L’égalité des sexes dans l’entreprise n’est pas une simple question d’éthique. En investissant dans des politiques inclusives, les entreprises se donnent des moyens de renforcer leur compétitivité et leur attractivité.
Les équipes mixtes, en raison de leurs diverses perspectives, sont plus créatives et capables de proposer des solutions innovantes. En diversifiant les profils au sein des équipes, les entreprises favorisent des échanges riches et des prises de décision plus variées.
Les structures qui s'engagent pour l'égalité professionnelle véhiculent une image positive et attirent des talents diversifiés ; une démarche qui améliore la marque employeur et permet de fidéliser les talents, particulièrement dans un contexte où les nouvelles générations sont de plus en plus sensibles aux questions sociales et environnementales.
Enfin, les équipes qui évoluent dans un environnement égalitaire sont plus soudées, motivées et engagées. Cela conduit à une réduction du turnover et à une amélioration de la productivité collective.
L’index de l’égalité professionnelle F/H permet de mesurer l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’entreprise. S’il s’agit d’un outil obligatoire pour toutes les structures comptant plus de 50 salariés, il permet d’identifier les domaines où des ajustements sont nécessaires, notamment en matière de rémunération, d’augmentations salariales ou de promotions.
Au-delà de son aspect réglementaire, cet indicateur offre une vision globale des inégalités persistantes et incite les entreprises à mettre en place des actions concrètes pour y remédier. Une bonne performance à l’index valorise également l’image de l’entreprise, en la positionnant comme un acteur engagé en faveur de l’égalité professionnelle, un critère de plus en plus scruté par les talents et partenaires.
Qu’elle publie ou non son index, l’entreprise a le pouvoir d’impulser des changements en adoptant des mesures permettant d’assurer des conditions de travail plus équitables.
Critère déterminant, notamment lors d’un recrutement, la flexibilité est devenue essentielle pour bon nombre de collaborateurs et collaboratrices. Horaires flexibles, télétravail, semaine de 4 jours sont ainsi largement plébiscités par les salariés. L’étude Workforce View de People at Work 2022 montre, d’ailleurs, que 7 travailleurs sur 10 (71 %) aimeraient plus de flexibilité sur leurs horaires de travail, comme la possibilité de condenser leurs heures en une semaine de 4 jours.
Depuis le 1er juillet 2021, la durée du congé de paternité et d'accueil de l'enfant est de 25 jours calendaires pour la naissance d'un enfant et de 32 jours, en cas de naissances multiples. Cette avancée a permis à nombre de pères de participer davantage à l’arrivée de leur enfant et de mieux s’impliquer au cours de ses premiers mois. Pour aller plus loin dans la promotion d’une parentalité équilibrée, les entreprises ont un rôle à jouer, tout d’abord en encourageant la prise effective de ce congé, voire en proposant un congé paternité étendu.
En facilitant l’accès à des services de garde d’enfants, notamment, l’entreprise peut également apporter un soutien au quotidien de ses équipes. La mise à disposition de CESU préfinancés (chèques emploi-service universels), l’implantation d’une crèche d’entreprise ou la prise en charge d’un berceau dans une crèche privée sont autant de solutions pour permettre aux parents, et particulièrement aux mères, de concilier plus sereinement leur vie professionnelle et familiale.
En proposant des formations ciblées, du mentorat et des opportunités de réseautage, ces programmes aident les femmes à surmonter les obstacles systémiques qui peuvent limiter leur accès à des postes de direction. Ces initiatives peuvent aider à briser les barrières invisibles qui freinent les femmes dans leur ascension professionnelle, en leur offrant des moyens concrets pour évoluer.
Le sexisme au travail peut prendre différentes formes : remarques déplacées, stéréotypes sur les compétences, répartition inégale des tâches ou encore frein à l’évolution de carrière. Souvent inconscients, ces comportements alimentent les inégalités et impactent la motivation ainsi que le bien-être des équipes. Campagnes d’information, témoignages, formations peuvent ainsi accompagner la transformation des mentalités et apporter aux managers et équipes RH des outils nécessaires pour identifier, signaler et traiter les comportements inappropriés.
Vous souhaitez aller plus loin dans vos actions en faveur de l'égalité professionnelle ? N’hésitez pas à contacter nos équipes Conseil RH.
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