Valérie Rousseau
Responsable prospective et stratégie expertise sociale
L’adhésion d’un employeur à un service de prévention et de santé au travail (SPST, couramment appelé service de médecine du travail) est une obligation légale, quelle que soit la taille de l’entreprise ou son secteur d’activité.
Mais qu’en est-il en cas de refus d’y adhérer ? Quelles conséquences pour l’entreprise et les salariés ?
Tout employeur a l’obligation d’adhérer à un service de santé au travail, dès l’embauche du premier salarié, et d’afficher dans ses locaux l’adresse et les coordonnées du service ou du médecin du travail (C. trav., art. D. 4711-1).
Sauf exception très spécifique prévue pour certains grands groupes (qui peuvent constituer un service autonome sous strictes conditions – C. trav. art. R 7216-2 et R. 4745-1 à R. 4745-4), l’employeur ne peut donc pas refuser d’adhérer à un service de médecine du travail pour ses salariés.
La surveillance médicale des salariés doit ainsi être assurée :
Les cotisations dues sont à la charge exclusive de l’employeur.
L’absence d’adhésion constitue une infraction passible de sanctions pénales : amende prévue pour les contraventions de 5e classe, soit jusqu’à 1 500 € par infraction, doublée en cas de récidive dans les 3 ans. Le tribunal peut également ordonner l’affichage et la publication du jugement (C. trav. art. R 7216-2).
Le défaut d’organisation des visites médicales obligatoires (embauche, périodique, de reprise) est également sanctionné pénalement (C. trav., art. R. 4745-3).
En outre, le directeur de la DREETS peut infliger une amende administrative pour manquement à la réglementation sur la santé et la sécurité au travail (C. trav., art. L. 8115-1).
Si l’employeur n’a pas accompli toutes les diligences nécessaires pour organiser le suivi médical des salariés, il peut être tenu civilement responsable en cas de dommage causé du fait de l’absence de ce suivi, et ce, même si le service de santé au travail a été défaillant (Cass. soc., 9 déc. 2015, n o 14-20.377).
Le refus d’adhésion, ou la non-consultation du CSE lors du changement d’affiliation au service de santé au travail, peut constituer un délit d’entrave sanctionné pénalement (Crim. 9 nov. 1982, n o 82-90.163.).
Outre la privation du suivi médical obligatoire, qui peut exposer les salariés à des risques pour leur santé et leur sécurité, ces derniers ont la possibilité d’agir en justice contre l’employeur pour obtenir des dommages-intérêts en cas de préjudice lié à l’absence de surveillance médicale.
De plus, en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle, l’absence d’adhésion aggrave la position de l’employeur, qui peut voir sa faute inexcusable reconnue et être tenu à une indemnisation majorée.
L’entreprise s’expose à un risque financier accru, notamment sous forme d’amendes, d’indemnités, de surcoût d’assurance, voire de condamnations civiles éventuelles.
Certaines procédures peuvent également être bloquées. Par exemple, il peut devenir impossible de déclarer certains accidents du travail, de procéder à un licenciement pour inaptitude, ou encore de faire face sereinement à un contrôle de l’inspection du travail ou de la Sécurité sociale.
La réputation de l’entreprise peut être gravement affectée, entrainant une dégradation du dialogue social avec les représentants du personnel.
Enfin, des blocages peuvent survenir lors des négociations collectives ou des renouvellements de marchés publics (certaines certifications ou appels d’offres exigent la conformité aux obligations de santé au travail).
Pour renforcer votre dispositif de prévention et répondre à vos obligations légales, voici les principales mesures à engager :
Le refus d’adhérer à un service de santé au travail expose l’employeur à des sanctions pénales, civiles et administratives, tout en mettant en danger la santé des salariés et en aggravant les risques pour l’entreprise.
Il est donc indispensable de respecter cette obligation et de mettre en place une gestion rigoureuse du suivi médical et de la prévention des risques professionnels.
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