Que ce soit à la faveur d’une opération de rachat, d’une vente de titres, de l’entrée d’un nouvel associé, d’une levée de fonds, d’un investissement conséquent… l’évaluation de l’entreprise est un passage obligé.
Cette étape suscite naturellement de nombreuses questions : que doit-on évaluer, quelles sont les méthodes d’évaluation, que faut-il prendre en compte ? Autant d’interrogations auxquelles nous apportons ici des éclairages.
L’évaluation d’une entreprise s’inscrit dans une logique propre à chaque objectif : la méthode ne sera pas nécessairement la même selon qu’est envisagée la reprise d’une entreprise, sa vente, l’entrée d’un nouvel investisseur à l’occasion d’une levée de fonds, etc.
- À titre d’exemple, dans l’hypothèse d’un rachat d’entreprise, l’analyse du capital humain, l’état du matériel, l’évolution du chiffre d’affaires pourront être des critères déterminants.
- Dans l’hypothèse de l’entrée de nouveaux investisseurs, l’accent sera, alors, mis sur la capacité de l’entreprise à générer des résultats futurs et à accélérer sa pénétration du marché cible dans la perspective d’un retour sur investissement à plus ou moins brève échéance.
- Avec l’ouverture d’un actionnariat salarié dans l’entreprise, l’évaluation tiendra nécessairement compte du statut particulier du/des salarié(s) concerné(s) pour apprécier le montant de l’investissement nécessaire pour son entrée au capital, au regard des différents dispositifs d’actionnariat salarié qui permettent une minoration de la valorisation dans ces hypothèses particulières.
La méthode retenue pour évaluer l’entreprise dépendra donc de l’opération envisagée, mais aussi de l’objet même de ce qui sera à évaluer, à savoir le fonds de commerce ou les titres de la société.
- Évaluer un fonds de commerce suppose de ne tenir compte que de l’actif qui compose ce fonds de commerce (clientèle, matériels, stocks, etc.), souvent à partir des chiffres d’affaires et des résultats obtenus au titre des exercices passés, en comparaison également avec des fonds de commerce de même nature intervenant dans des secteurs de marché similaires.
- Évaluer des titres de sociétés suppose, à l’inverse, d’apprécier la valeur des titres en tenant compte non seulement de l’actif, qu’il soit immobilisé ou disponible (trésorière, créances clients), mais aussi du passif exigible (dettes notamment), actualisé le cas échéant.
Avant de faire l’inventaire des principales méthodes d’évaluation, il est utile de faire le point sur les principaux critères retenus pour évaluer une entreprise.
Les principaux critères retenus
L’estimation d’une entreprise nécessitera de prendre en compte plusieurs critères, notamment :
- le chiffre d’affaires et les résultats des 3 à 5 derniers exercices, en analysant au mieux la structuration du chiffre d’affaires (est-il récurrent ou non, par exemple) et l’évolution du résultat ;
- la structuration financière de l’entreprise, et notamment la structure de son capital et son niveau d’endettement ;
- les postes clients et fournisseurs, en analysant notamment les délais de règlement des factures ;
- l’état du matériel et des équipements ;
- le marché et l’état de la concurrence ;
- le savoir-faire de l’entreprise ;
- le capital humain qui, parce qu’il est nécessaire de ne pas réduire l’entreprise à un simple produit financier, participe activement à la construction de la valeur de l’entreprise ;
- l’approche environnementale de l’entreprise et ses éventuelles démarches RSE qui sont ou vont être de plus en plus prises en compte.
À partir de ces éléments, et en les combinant, l’application des méthodes d’évaluation les plus couramment utilisées permettra, le plus souvent d’approcher une valorisation pertinente et adaptée de l’entreprise, qui pourra servir de base à une négociation.
Les différentes méthodes
Il n’existe pas une, mais plusieurs méthodes d’évaluation. En voici un rapide tour d’horizon :
- La méthode comparative
Il s’agit d’établir une étude comparative de l’entreprise dont l’évaluation est faite par rapport à d’autres entreprises présentant les mêmes caractéristiques, du même secteur d’activité, de taille similaire, évoluant dans un marché équivalent et de même niveau de maturité, etc.
Cette méthode est souvent utilisée pour évaluer les fonds de commerce en appliquant des barèmes couramment admis sur le marché, déterminés sur la base des dernières transactions intervenues.
- La méthode patrimoniale
Ici, il s’agit de valoriser ce que l’entreprise possède. Plus exactement, la méthode patrimoniale va consister à évaluer l’actif net comptable de l’entreprise, idéalement retenu sur plusieurs exercices pour tenir compte de l’évolution de l’activité, c’est-à-dire la différence entre son actif immobilisé et disponible (comprenant les immobilisations, la trésorière, les créances clients, etc.) et son passif exigible (intégrant les dettes financières, les dettes fournisseurs, etc.).
Parce que l’on tient compte des valeurs comptables, il sera nécessaire de les réévaluer pour tenir compte des plus-values latentes, de la valorisation des actifs qui ne sont pas nécessairement inscrits au bilan (comme le fonds de commerce qui aurait été créé par exemple), des passifs latents, etc.
- La méthode de rentabilité
Cette méthode présente la particularité d’estimer la capacité future de l’entreprise à dégager des bénéfices, tout en prenant en considération le risque de non-réalisation des prédictions ainsi définies.
Il s’agit ici d’analyser les résultats passés et de prévoir les résultats futurs probables en fonction de l’évolution de l’activité de l’entreprise dans son environnement et son marché en estimant ses performances futures.
- La méthode d’actualisation des flux de trésorerie
Cette méthode d’évaluation se base, là encore, sur les performances futures de l’entreprise sur plusieurs années.
Appréciée des financiers, cette méthode consiste à estimer la valeur de marché d’une entreprise en additionnant les flux de trésorerie disponibles après impôts, actualisés au moyen d’un taux de rentabilité, en tenant compte de l’endettement de l’entreprise.
Il convient de souligner que l’évaluation d’une entreprise ne se limite pas à l’application d’une méthode unique. Chaque entreprise est singulière, même si elle peut être comparée à d’autres, et l’intégration de ses spécificités constitue un préalable indispensable. Une approche purement patrimoniale, par exemple, ne saurait aboutir à une valorisation équilibrée, car elle ne prend pas en compte des éléments clés tels que la rentabilité ou le potentiel de développement de l’activité.
Voilà pourquoi il semble important de rappeler ces 3 conseils :
- analysez précisément les critères à retenir en fonction des caractéristiques et des spécificités de l’entreprise ;
- combinez les différentes approches, qui présentent chacune leurs avantages et leurs inconvénients, pour obtenir une valorisation adaptée ;
- ayez le réflexe de faire appel à un conseil spécialisé pour vous accompagner dans cette démarche.