Levées de fonds : Les multiples de valorisation de la FoodTech et de la PropTech

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L’essor de la Foodtech boosté par la crise sanitaire…

Un attrait inédit pour le secteur de la Foodtech

Alors que la crise sanitaire a fortement impacté la plupart des secteurs d’activité, la FoodTech a au contraire connu une accélération de son développement sur la période. Pour rappel, la FoodTech désigne l’ensemble des sociétés innovantes intervenant sur la chaîne de valeur alimentaire, de la production à la distribution en passant par la transformation et le transport.

L’essor de la FoodTech s’inscrit dans une tendance de mutation profonde de notre manière de nous alimenter. Les consommateurs plébiscitent ainsi des solutions plus saines, plus durables et plus flexibles.

Cette tendance va de pair avec une croissance des levées de fonds réalisées dans le secteur, qui ont atteint un record en 2020, à la fois en quantité et en valeur (cf. graphique ci-contre).

Les principaux déterminants de cet engouement sans précédent

Les différentes périodes de confinement ont accéléré l’intérêt des consommateurs pour des modèles de restauration plus flexibles et ont ainsi dynamisé les start-ups spécialisées dans le Delivery et les Dark kitchens. Les leaders du secteur (Deliveroo, Uber Eats, Just Eat et Frichti) ont connu une croissance de 27% de leur chiffre d’affaires sur l’année 2020. Ce contexte favorable a entrainé une accélération des investissements réalisés sur ce segment, à l’image de Karma Kitchen (spécialiste des Dark kitchens) qui a levé 252m€ en 2020.

D’autre part, la tendance des consommateurs s’oriente également vers des modes d’alimentation plus sains et durables. Aujourd’hui, 70% des individus considèrent être davantage sensibilisés à la problématique environnementale, de plus en plus demandeurs de produits locaux, biologiques, traçables et respectueux de l’environnement.

On constate un nombre croissant d’investissements dans des start-ups spécialisées dans l’alimentation biologique (Rutabago, Beendhi, Yooji, PouleHouse, etc.), dans la lutte contre le gaspillage alimentaire (Nous Anti Gaspi, Phenix, etc.) ou encore dans les modes d’agriculture alternatifs (Prêt à Pousser, Agricool, etc.).

Enfin, de nouvelles réglementations viennent favoriser certains segments de l’écosystème FoodTech. Par exemple, les États membres de l’Union Européenne ont approuvé le 4 mai 2021 une proposition de loi de la Commission Européenne autorisant l’utilisation de vers de farine jaunes séchés en tant que nouvel aliment. Cette nouvelle réglementation pourrait venir favoriser les nombreuses start-ups présentes sur le segment de la transformation alimentaire d’insectes à l’image de Ynsect ou Innovafeed.

Les acteurs de l’investissement dans la FoodTech

Une grande partie des fonds d’investissement et des Corporate VC axe sa stratégie de participation sur des acteurs innovants ayant un business model basé sur la technologie.

La FoodTech fait partie des activités innovantes appréciées par les fonds qui n’hésitent pas à investir dans des projets de ce type, rassurés par la technologie développée qu’ils considèrent comme tangible et génératrice de valeur.

Cet attrait s’est renforcé par l’afflux de liquidités dont ont disposé les investisseurs institutionnels, qui ont choisi d’allouer ces fonds vers des activités en croissance telle que la  FoodTech.

Les investisseurs publics, à l’image de la BPI ou encore d’incubateurs, investissent également dans ce secteur porteur. Cette tendance s’illustre par la création en 2016 du label La FoodTech, membre du réseau La French Tech, et destiné à accompagner, développer et promouvoir les innovations dédiées aux métiers alimentaires.

Une forte hausse des valorisations dans le secteur

Le graphique ci-contre illustre l’évolution des valorisations dans le secteur de la FoodTech depuis 2016. En 5 ans, le multiple moyen de valorisation (EV/CA) du panel étudié a doublé pour atteindre 5,6x en 2020, malgré l’impact de la crise sanitaire sur cette année.

L’année 2020 est marquée par une concentration de la demande d’investissement sur le secteur de la FoodTech, notamment justifiée par la résilience à la crise prouvée par les acteurs et par leur capacité à générer de la croissance malgré le contexte de ralentissement de l’activité.

Cette croissance s’explique également par la confrontation des investisseurs institutionnels (fonds d’investissement) et opérationnels (grands acteurs du secteur) qui profitent des afflux de liquidités pour se renforcer à moindre coût.

En moyenne, sur le panel ci-contre, 80% des opérations ont été réalisées par des investisseurs institutionnels sur la période 2016-2020. Cette tendance s’infirme en 2020, année durant laquelle seulement 33% des opérations sélectionnées ont été réalisées par des fonds d’investissement.

Cette observation illustre la volonté des investisseurs opérationnels de réaliser des croissances externes pour ne pas manquer ce virage technologique. Cette stratégie débouche donc sur une augmentation de la demande en investissement sur le marché, contribuant ainsi à la hausse des valorisations observées ces dernières années.

L’acquisition de Just Eat par Takeaway.com en 2020 illustre bien cette tendance d’investissements opérationnels, pour une opération de grande envergure réalisée pour un montant de 7,4Mds€, avec un multiple haut de 8,7x.

PropTech : une mutation du secteur immobilier en marche

La technologie bouleverse les codes établis du secteur

À l’instar de la FoodTech, le secteur de la PropTech a lui aussi connu une croissance ces dernières années. Le secteur de la propriété immobilière, réputé conservateur, a depuis peu été dynamisé par l’intégration des nouvelles technologies du numérique.

La mutation de l’accès à la propriété et des modes d’épargne a généré un engouement des ménages pour l’investissement immobilier, qui s’est accru avec les effets du confinement. La politique de taux bas actuelle a également facilité l’accès à la propriété, créant des tensions sur le marché immobilier.

Les acteurs développent ainsi des technologies permettant d’apporter de nouvelles solutions à cette demande de services immobiliers en croissance.

Le tableau ci-dessus illustre la progression (+34%) du multiple de valorisation moyen sur le secteur PropTech (sur le panel sélectionné) depuis 2019 et l’impact de la crise sanitaire.

Le panel 2020 est notamment composé du Français Knowffice (depuis rebaptisé Volum). Ce spécialiste de l’immobilier professionnel a levé 1,5m€ auprès d’investisseurs institutionnels dans le cadre de son développement à l’international.

Sources : CFNews, EpsilonResearch, Estimations Baker Tilly STREGO